Introduction : les pañca kosa
Le yoga identifie 5 enveloppes subtiles de l’être, nommées les kosas (prononcé « kochas » et qui signifie en sanskrit « étuis », « fourreaux », « enveloppes »). Ces 5 enveloppes doivent être complètement intégrées et en harmonie pour que nous parvenions à la complétude et que nous soyons en bonne santé.
Il s’agit de :
- Annamaya kosa : le corps anatomique
- Prānamaya kosa : le corps énergétique
- Manomaya kosa : le corps mental
- Vijñānamaya kosa : le corps intellectuel
- Ānandamaya kosa : le corps spirituel
Ces couches s’emboitent les unes dans les autres comme des poupées russes, de la plus grossière à la plus subtile, comme le montre le dessin ci-dessous.
[ici une image/schéma libre de droit]
Ce que disent les ouvrages
- (Extrait de La Voie de la paix intérieure)
(P. 27) Afin de trouver le moyen de révéler notre Être le plus profond, les sages ont exploré les différentes enveloppes de l’existence, en commençant par le corps et en passant par l’esprit et l’intelligence, pour finalement arriver à l’âme. Le voyage yogique nous guide depuis notre périphérie, le corps, jusqu’au centre de notre être, l’âme. Le but est d’intégrer les différentes couches, pour que la divinité intérieure puisse rayonner, comme à travers un verre transparent.
(P. 49) « La santé commence par la fermeté physique, elle s’approfondit avec la stabilité émotionnelle, pour ensuite conduire à la clarté intellectuelle, à la sagesse puis, finalement, au dévoilement de notre âme.
- Annamaya kosa : le corps anatomique
- Prānamaya kosa : le corps énergétique
- Manomaya kosa : le corps mental
- Vijñānamaya kosa : le corps intellectuel
- Ānandamaya kosa : le corps de félicité ou l’âme
Pour le yogi, le corps physique correspond à l’un des éléments de la nature, la terre. Les qualités de la terre sont : solidité, forme, fermeté, force.
- (Extrait de Yoga joyau de la femme – p. 59)
Le corps est constitué de cinq gaines ou couches. Ce sont :
- Annamaya – le corps anatomique composé de la peau, des muscles et des os ; c’est la gaine extérieure.
- Pranamaya – le corps physiologique composé des systèmes circulatoire, respiratoire, excrétoire, digestif, nerveux, endocrinien ou glandulaire, et génital.
- Manomaya – le corps mental ou psychologique composé du mental et des sentiments.
- Vijnanamaya – le corps intellectuel.
- Anandamaya – le corps spirituel, qui est la gaine la plus profonde enfermant l’âme.
Toutes les gaines sont interdépendantes et s’interpénètrent, et vont de l’enveloppe extérieure jusqu’au centre intérieur. Quand on pratique les yogasanas et le pranayama, on apprend à porter toute son attention sur toutes les gaines, depuis la gaine anatomique jusqu’à la gaine spirituelle et vice versa.
Intégration dans la pratique
Lorsque nous faisons un asana, nous pouvons expérimenter la pénétration dans les 5 enveloppes qui forment notre être.
Ainsi, l’asana commence au niveau de la couche physique (annamaya kosa). Il est primordial de parvenir à stabiliser notre posture grâce à un bon alignement.
C’est ici que l’utilisation des accessoires (props) peut être nécessaire, afin de réussir à trouver la position du corps adéquat en fonction de notre condition physique pour obtenir un alignement juste car cet alignement est nécessaire pour atteindre correctement les kosa suivantes. C’est lorsque l’alignement est atteint que le souffle devient régulier et profond.
En effet, une fois la posture stabilisée, on peut se concentrer sur le souffle et ainsi pénétrer dans la couche énergétique (prānamaya kosa). Lorsque l’on porte son attention sur les mouvements de la respiration (inspiration et expiration), on peut parvenir à calmer les mouvements du mental et cultiver le calme puis pénétrer ainsi la couche du mental (manomaya kosa). Pour y parvenir, on peut concentrer son attention sur un point fixe.
L’intelligence grâce à sa faculté de discernement nous permet de contrôler les sens de perception, les organes d’action et de contrôler le mental (pratyāhāra), et donc la pénétration dans le corps intellectuel (vijñānamaya kosa) se fait de concert avec la pénétration dans le corps mental.
L’étape suivante consiste à s’abandonner dans la posture pour atteindre un état méditatif et pénétrer ainsi dans la couche spirituelle (ānandamaya kosa). C’est ce que BKS Iyengar nomme l’effort sans effort et l’état méditatif dans la posture.
Conclusion : « en fait, c’est ça le yoga ! »
Le voyage à travers les kosa est par conséquent essentiel dans le yoga et pour la réalisation spirituelle inerrante à l’être humain. BKS Iyengar le rappelle dans les premières lignes du premier chapitre de La Voie de la paix intérieure (p.27) : « La réalisation spirituelle est le but qui existe en chacun de nous et qui nous pousse à rechercher notre centre divin. Cette essence intérieure, bien qu’elle ne soit jamais absente pour personne, demeure en nous à l’état latent. »
A titre personnel, j’avais pu appréhender le lien entre le couche physique et énergétique en me concentrant sur mon souffle mais sans plus. C’est lors du premier enseignement des kosa au cours d’un stage à Malbosc, que je me suis fait la réflexion : « en fait c’est ça le yoga ! ». J’ai eu l’impression d’avoir reçu un enseignement précieux qui s’acquiert et ne peut commencer à être compris qu’après plusieurs années d’apprentissage, qui continue aujourd’hui de me guider dans ma pratique et que je continue d’explorer.
J’ai aussi découvert la physiologie du yoga et celle-ci m’a permis de mettre des mots sur ces couches que je percevais intuitivement sans en comprendre l’ordre ni la décomposition exacte, de même que l’importance de la recherche de l’essence intérieure qui est latente en nous et dont ne sommes souvent pas conscient.
Enfin, dans le cadre de l’enseignement du yoga, je crois qu’il est important d’accompagner les élèves dans ce voyage intérieur, même sans aller jusqu’à la couche spirituelle, mais progressivement leur faire prendre conscience de la différence entre la couche corporelle et la couche énergétique, entre la couche énergétique et la couche mentale, puis intellectuelle puis éventuellement spirituelle.